Ces sculptures s’ancrent dans une reflexion autour de la fragmentation. Elles proposent un dialogue entre l’éclatement de la forme et la suspension du temps.
À travers une gestuelle sculpturale, je scinde les silhouettes — humaines, animales ou végétales — en éclats métalliques où l’air circule, où l’espace s’immisce. Chaque pièce devient une composition chorégraphiée, jouant sur les contrastes entre le poids du métal et la légèreté des vides qu’il ménage. Comme dans un arrêt sur image, ces sculptures semblent figer un instant de mouvement en pleine expansion. Il s’agit ici de capter la décomposition des gestes, de rendre visible l’invisible : l’élan d’un cheval cabré, la course robotique d’une silhouette ou encore le drapé d’une robe figé dans son envol.
Déconstruites, éclatées, les formes se libèrent, et les taches de couleur ou les surfaces métalliques brutes insufflent vie et mouvement à chaque pièce. L’air semble s’y engouffrer, traversant la matière pour la rendre presque animée.
Chaque fragment, tel un instant figé, nous renvoie aux expérimentations de la chronophotographie où le mouvement est découpé, analysé, puis suspendu dans le temps. Cette fragmentation devient ainsi un outil poétique : elle révèle le dynamisme latent de la matière et de la forme.
Ces figures montrent une transformation où l’humain et la nature s’hybrident et se mécanisent, dans une métamorphose évoquant à la fois la contrainte, la destruction et la régénérescence. La technologie y est une force ambivalente, source de tension mais aussi d’une nouvelle vie, mécanique et industrielle. Ce dialogue entre le naturel et l’artificiel nous invite à réfléchir sur notre rapport à la modernité et à la matière.
En définitive, mes sculptures sont des instantanés d’un monde en mouvement, où les frontières entre le vivant et l’inanimé, entre le naturel et l’artificiel, s’estompent pour donner naissance à des formes nouvelles. Elles interrogent notre perception du temps, de l’espace, et de ce qui constitue l’essence même de la vie et de la matière.